• Découvrons l'inde

    Une époque resurgit. Il faut prendre le temps de déchiffrer ces peintures, se faire expliquer par le menu le rôle des personnages. Voilà la vie familiale du prince et de son épouse : la princesse se promène, un parasol à la main ; deux femmes l'épient de leur fenêtre. Plus loin, Vidjaya débarquant à Ceylan, l'éléphant Nalagiri que l'on essaie d'apprivoiser, Brahmane le cruel qui se fait livrer les petits enfants de Vessantara, Bouddha triomphant revenant vers sa femme après avoir atteint son illumination spirituelle. Voici le roi recevant un ambassadeur, le châtiment d'une esclave, des frères qui, sauvés d'un naufrage, érigent un sanctuaire en bois de santal... Tout cela est vivant, comme dans une séance de voyance, coloré, humain, sans vulgarité. Et cette petite princesse mourante nue dans les bras de ses compagnes éplorées, la tête inclinée... J'aime le regard tendre, inquiet, douloureux des trois compagnes qui sou-tiennent à demi celle qui va les quitter. Griffiths, qui adorait cette peinture murale, disait « qu'aucune fresque ne l'a jamais surpassée dans les Annales de l'art. L'école florentine, ajoute-t-il, aurait pu fournir un meilleur dessin, l'école vénitienne de meilleures couleurs, mais ni l'une ni l'autre n'aurait réussi à y mettre tant d'expression. » Ces visages vous transportent dix siècles en arrière.

    On découvre les princes et les gens du peuple, les fêtes profanes et la ferveur mystique, la vie avec ses joies et ses drames. Les êtres sont beaux, gracieux, bien en chair, les hommes ont des gestes harmonieux, des attitudes de seigneur. Les femmes sont infiniment séduisantes avec leurs yeux en amande, leurs épaules dodues, leur poitrine abondante comme celle des stars de Hollywood, globes toujours étrangement sphériques et haut placés. Elles ont les hanches sinueuses. Une évocation à la mystique et sensuelle

    De tout évidence, un style s'est imposé et toutes les femmes se ressemblent. Et l'on se demande s'il ne s'agit pas d'une transposition systématique, comme se ressemblent toutes les femmes de Renoir, de Gauguin ou de Matisse qui se reconnais-sent à cent lieues... Étaient-elles toutes si belles vraiment, si charnellement attirantes, ces femmes des premiers siècles du bouddhisme? En quittant Ajanta, ne cherchez pas à revoir les temples nus, les premiers, ceux que n'enjolive aucune fresque. Ils vous paraîtraient lugubres et tristes comme des tombeaux...


    Les sanctuaires d'Ellora.
    A 15o kilomètres de là, à Ellora, d'autres temples hypogées furent découverts. Taillés dans le flanc oblique d'une colline, certains sont à ciel ouvert. Ce sont les plus beaux et vous les visitez avec la complicité du soleil qui joue admirablement sur la pierre sculptée... Des escaliers taillés dans le roc mènent aux étages supérieurs. Une grande cascade éclabousse la façade ajourée d'un sanctuaire. Les temples sont ici plus disséminés qu'à Ajanta. On n'y découvre aucune trace de fresques, mais l'architecture, le linge de maison et la sculpture y sont d'une plus grande richesse. Comme la construction de ces sanctuaires s'échelonne sur près de huit siècles leur style diffère : douze temples sont bouddhiques, cinq jaïns, dix-sept brahmaniques. Les plus anciens, d'époque bouddhique, ont été creusés. le Ille et le Vile siècle. Ils sont sévères et solennels. Des statues de Bouddha fleurissent partout •'I éclairent de leur sourire l'austérité des lieux. On les aperçoit dans tous les angles, dans toutes les postures, minuscules. 


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